Il est des soirs où l'on bâille d'ennui devant la prévisibilité des choses. Et d'autres où l'on revisite quelques préjugés. La rencontre avec Zahia fait partie de ceux-là.
Invitée par l'association Horschamp avec qui nous organisions cette rencontre, Zahia s'est fait désirer : les dernières répétitions des 1 002 vies de Zahia Dehar, le spectacle dont elle était l'héroïne à l'Institut du Monde Arabe, refusaient de nous céder la place. Qu'importe. Il ne manquerait plus qu’une femme dont la boussole est le désir ne le génère pas… Et le nôtre était grand de l'entendre.
Face aux questions de Leolo Victor-Pujebet et Simon Courtois, Zahia a déployé son style inimitable, mêlant candeur et lucidité, et cet éternel étonnement qu'elle ressent de déclencher partout où elle passe les réactions les plus contrastées : désir, jalousie, rejet, admiration ou perplexité.
Revenant sur son parcours accidenté, depuis l'Algérie déchirée des années 90 jusqu'à ses rencontres artistiques avec la mode ou le cinéma, elle nous a confié sa vision du féminisme, où la sexualisation de son être est une liberté qu'elle s'octroie, ne laissant à personne le droit de lui interdire (au nom de quoi ?) le droit de s'offrir aux regards et aux étreintes qu'elle s'est choisies.
Plus d'une heure durant, Zahia nous a rappelé que la simplicité d'esprit est un don du ciel lorsqu'elle permet de penser vrai.